Naissance 2

Aujourd'hui, j'ai décidé de réagir aux lois sociales. Michel va avoir un enfant, enfin, pas lui, sa femme, mais à croire que l'homme accouche avec ces nouvelles lois sociales !

Michel m'a en effet annoncé, le plus fièrement du monde, qu'en plus des trois jours de naissance, il avait droit à onze jours de congés paternité. Allons bon, qu'est-ce qu'il m'invente lui encore ? Connaissant l'individu, je soupçonne une affabulation de sa part pour trouver le moyen de s'inventer des jours de congés (et je m'y connais !). Alors je lui dis que je dois d'abord me renseigner...

Et bien il avait raison le bougre ! La Sécurité Sociale a confirmé l'existence de cette obscure loi, me rappelant même que je ne pouvais le refuser. Depuis quand on doit se faire dicter quoi que ce soit par la Sécu ? Bon gré, mal gré, je suis obligé d'accepter la demande de Michel, non sans mettre mes conditions :

- D'accord, mais vous n'êtes pas obligé de prendre ces jours. Vous pouvez très bien venir travailler, ces congés ne sont pas une obligation.
- Je tiens à les prendre.
- Mais la Sécu paye, alors vous venez travailler, la Sécu vous dédommage et vous touchez votre salaire normal.
- Non, non, je les prends, c'est tout.
- Et si on les éclatait ? Ou je choisis les périodes d'absence qui m'arrangent ?

Michel n'est décidément pas coopératif, il a refusé mes propositions. Bah, je suis sûr qu'il va oublier et viendra travailler comme si de rien n'était.

Et encore une fois, il fait tout pour me contredire ! Il est revenu à la charge, je tente, vainement, de faire genre que j'ai oublié cette obscure loi, mais je suis obligé de céder. Michel a donc connu le fond de ma pensée, je suis sûr que cela le fera réfléchir : "A mon époque, on n'avait droit qu'à trois jours, et ça suffisait bien. Le mec a juste eu à tirer son coup, alors pourquoi il aurait besoin de se reposer ? La femme, je peux comprendre mais le mec...". De quoi ? 1936 et les congés payés ? L'envie de s'impliquer comme père ? Bah, des foutaises tout ça ! J'ai beau être de gauche et de le revendiquer, certaines choses m'échappent...

Heureusement que moi, j'ai préféré privilégier ma carrière à ma famille, sinon, je ne serai certainement pas le chef ! Ou peut-être que si, mais bon, j'ai pas fait des gosses pour me faire emmerder.